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La Chine et la Première Guerre Mondiale

Chine 1ère Guerre Mondiale

Contexte historique

Durant le XIX ° siècle, les puissances occidentales et le Japon ont en quelque sorte imposé à la Chine des échanges que l’empire du milieu ne souhaitait pas ou souhaitait pouvoir contrôler  davantage. Les deux guerres de l’opium, la guerre sino japonaise de 1895, l’affrontement avec l’Allemagne en 1897 à la suite de l’assassinat de deux missionnaires allemands, la révolte des boxers en 1900, sont quelques uns des épisodes les plus marquants des échanges houleux entre l’occident, le Japon et la Chine, toujours au détriment de l’empire du Milieu.

Les puissances occidentales et un Japon, soucieux de combler son retard sur l’occident, avaient des appétits toujours plus grands.  L’accès aux ports chinois, l’ouverture de comptoirs, l’octroi de concessions de chemins de fer, de mines, chaque incident était prétexte à une guerre ou à un affrontement plus limité, à l’issue desquels la Chine était contrainte à de nouvelles libéralités au bénéfice de son adversaire mais aussi de ses alliés qui finissaient par exiger les mêmes avantages. (Ce que les occidentaux ont appelé la politique de la canonnière et les chinois « les traités inégaux »).

La Chine se présente donc très affaiblie à l’aube du XX° siècle. Et l’empire mandchou des Qing ne résiste pas à la volonté des élites de moderniser le vaste empire, dont les fondations remontent à près de 4 000 ans. En 1911, l’empereur est renversé et la République de Chine se crée en 1912 sur les décombres de l’empire chinois. Cependant, la situation intérieure reste très instable et les modes de gouvernement se succèdent.

La Chine déclare la guerre à l’Allemagne 

Quand la guerre éclate en 1914, le Japon se rallie tout de suite aux alliés et déclare la guerre à l’Allemagne le 23 août 1914. Les japonais ont des visées sur la province chinoise du Chandong administrée par les allemands depuis 1897. Ils se méfient, par ailleurs, des velléités russes sur le même territoire. En Chine, plusieurs débats se superposent : faut-il participer au conflit ? il y a donc les pro et anti guerre. Et au sein de ceux qui sont favorables au conflit, la question est de savoir aux côtés de qui s’engager. C’est finalement assez largement ceux qui sont en faveur d’une alliance avec la France, l’Angleterre, la Russie et les Etats-Unis qui l’emporteront.

Ce sont d’ailleurs les Etats-Unis, de plus en plus présents sur la scène mondiale, qui inciteront les pays du monde entier à isoler l’Allemagne, en raison de la guerre sous-marine que Guillaume II livre également aux pays neutres. La Chine rompt ses relations avec l’Allemagne le 14 mars 1917 et lui déclare la guerre en août 1917.

Une participation de l’armée chinoise aux combats en Europe a été envisagée et même souhaitée tant du côté français que du côté Chinois. Dès le mois de septembre 1917, le général Foch évoque la possibilité de créer de 80 à 100  bataillons de 1 000 à 1 500 chinois, ou bien de répartir les combattants dans différentes unités. Le chef du gouvernement chinois Duan Qinuy estime pouvoir envoyer en France plusieurs dizaines de milliers de combattants avant Noël et à terme 100 à 200 000 combattants. Déjà des travailleurs chinois volontaires sont présents sur le sol européen. A terme, ils seront près de 140 000. Le financement de l’expédition serait demandé aux USA.

Mais la Grande Bretagne  est opposée à cette solution. Elle considère que ce serait de la part des alliés un aveu de faiblesse et un bien mauvais signal donné aux colonies. Le projet va malgré tout rester dans les cartons jusqu’au printemps 1918, la France envisageant même de financer les premiers transports. Finalement, cette éventualité est complètement abandonnée en avril 1918 au grand dam des chinois qui comptaient sur cet engagement fort aux côtés des alliés pour peser davantage sur les négociations, une fois la guerre terminée.

La Chine mal récompensée

Finalement, la Chine ne sera guère récompensée de son engagement aux côtés des alliés. Le traité de Versailles de 1919 certes stipule que « l'Allemagne cède à la Chine tous les bâtiments, quais et appontements, casernes, forts. armes et munitions de guerre, navires de toutes sortes, installations  de télégraphie sans fil et autres propriétés publiques, appartenant au Gouvernement allemand, qui sont situés ou qui peuvent se trouver dans les concessions allemandes à Tien Tsin et Han-Kéou ou dans les autres parties du territoire chinois. ».  Mais il prévoit également que « 1'Allemagne renonce, en faveur du Japon, à tous ses droits, titres et privilèges concernant notamment le territoire de KIAO-Tchéou, les chemins de fer, les mines et les câbles sous-marins qu'elle a acquis, en vertu du traité passé par elle avec la Chine, le 6 mars 1898, et de tous autres actes concernant la province du Chantong ». Le Japon occupait Shandong depuis 1914. Bref un transfert de propriété qui passe sous le nez de la République de Chine. Cette disposition provoquera un soulèvement populaire en Chine, connu sous le nom de « Mouvement du 4 mai 1919 » et la Chine refusera de signer le traité de Versailles.

Traîté de Versailles: extraits des accords sur la Chine en téléchargement .